Depuis plusieurs jours, les départements du Mayo Danay, du Mayo Kani et du Logone et Chari font face à une invasion importante d’animaux qui détruisent les cultures dans de nombreux villages. Des éléphants à Goudoum Goudoum, en passant par les oiseaux granivores et les criquets pèlerins à Kalfou et à Waza et ses environs, les populations ne savent plus à quel saint se vouer.
L’année 2021 débute sous de mauvais auspices pour les agriculteurs du Mayo Kani. Dans le village de Goudoum-Goudoum, un enfant de 13 ans a été tué par des éléphants alors qu’il gardait son champ.
En quête de pâturages, un troupeau d’éléphants de près de 200 individus, se serait échappé de la réserve de Kalfou et s’est retrouvé dans le village de Goudoum-Goudoum. Le troupeau se serait emparé des champs de mil et de sorgho qu’ils ont détruit sans vergogne.
Les populations, déjà habituées à leurs visites impromptues, font du bruit pour les faire partir. « Coincés et sous la pression des cris des villageois, quelques éléphants sont sortis du groupe et ont pris une direction où se trouvaient d’autres villageois. Effrayé, l’un des pachydermes a chargé sur le petit Adama Yougouda, âgé alors de 13 ans seulement » nous confie une source. Ce dernier était au mauvais endroit, au mauvais moment, et a par malheur, trouvé la mort sur son chemin alors qu’il ne faisait que garder son champ.
Dans le Logone et Chari et le Mayo Danay, des oiseaux granivores attaquent les champs de mil, de sorgho et de riz. Encore appelé » Kelea Kelea », ces oiseaux venus de la zone périphérique du parc de Waza où ils ont fait leurs nids, ont fait irruption dans les champs de céréales qu’ils détruisent sans crainte.
Les populations, fatigués de la situation, n’ont que leurs cris comme arme pour les chasser ceci à leur grand dam car, ceux-ci n’en démordent pas, au contraire, ils affluent de plus belle et restent dans les champs du lever au coucher du Soleil. Une situation qui, si elle dure encore plus longtemps, les agriculteurs n’auront rien en réserve pour l’année. Selon les agriculteurs, ce phénomène arrive tous les ans, après la grande saison de pluie, en période de froid (Décembre-janvier).
Comment lutter contre ces phénomènes d’invasion d’animaux ?
Les acteurs de lutte contre la déforestation, parmi lesquels figurent en bonne place ABAKACHI ABICHO, affirme :
« La migration chez les éléphants est un phénomène naturel qui se produit tous les ans. Avec l’avancée du désert et la déforestation, ces pachydermes sont obligés d’aller loin pour trouver de quoi se nourrir. Si ces éléphants avaient trouvé des arbres sur leur chemin, ce qui est leur principale source d’alimentation, ils ne se seraient jamais aventurés chez les hommes » Peu à peu, les hommes détruisent l’habitat de ces animaux en abattant les arbres, en provocant des feux de brousse pour leurs cultures. Ce qui entraîne les animaux à aller au-delà de leur habitat naturel.
Et très souvent, c’est sûr les champs de mil, de sorgho, de maïs qu’ils se rabattent. Ce qui n’arrange pas les affaires des agriculteurs. « Si l’on plantait les arbres au lieu de les couper, si l’on se délimitait des espaces pour nos cultures, si l’on se responsabilisait un peu plus dans la lutte contre la déforestation, l’on aurait pu éviter tous ces drames. Les hommes doivent apprendre à cohabiter avec les animaux et leur laisser leur espace. Au mieux, aider à le conserver, car notre survie dépend fortement de la biodiversité »
Alertées, les autorités locales sont descendues sur les lieux pour s’enquérir de la situation et sensibiliser les populations. Nous invitons les Organisations de la Société Civile (OSC) à se mobiliser d’avantage pour se joindre à la COOP-CA REDD pour densifier la sensibilisation. ça y va de l’intérêt de tous.