Du Bio dans nos champs.
Cameroun: les succès de l’agriculture biologique
La forte demande des produits alimentaires certifiés issus de l’Agriculture biologique sur le marché national et international a donné l’opportunité aux agriculteurs camerounais d’augmenter leurs revenus.
Depuis l’avènement des produits certifiés BIO dans le monde, de nombreux agriculteurs s’attèlent à ces nouvelles normes, et le Cameroun, n’est pas en reste.
Robert est un Camerounais âgé de 31 ans. Régulièrement, il se rend à Dzeng, un village situé à environ 60 kilomètres de la ville de Douala, la capitale économique du Cameroun pour visiter ses 30 hectares de plantations. Sur ses parcelles réservées à l’ananas, il vérifie que les plants poussent bien, enlève quelques fleurs qui seraient de trop sur certains et poursuit son inspection. «On produit à peu près 50 tonnes de fruits par an, entre l’ananas, la papaye et les fruits de la passion», explique Pierre-Calvin Picker, un ouvrier de la plantation.
Bien qu’âgé de 31 ans seulement, Robert a déjà 10 années d’expérience dans l’agriculture biologique. «L’idée au départ c’était de faire une agriculture qui soit respectueuse de l’environnement, de la santé du consommateur et de celle du producteur», explique Picker pour justifier son choix de l’agriculture biologique.
Depuis quelques années, l’agriculture biologique connaît une forte embellie. Selon les avis des acteurs de la filière, la demande est toujours à la hausse malgré l’absence de statistiques. Les produits biologiques du Cameroun s’exportent beaucoup plus vers l’Union Européenne.
En 2010, l’Organisation des Nations Unis pour l’Alimentation et l’Agriculture a d’ailleurs mis sur pied un programme d’appui à 5000 producteurs d’Afrique de l’Ouest pour les aider à mieux répondre à la hausse de la demande en fruits et légumes. «Certains exportateurs d’ananas du Ghana et du Cameroun voient leurs exportations augmenter malgré la crise économique», dit Cora Dankers, superviseur de ces projets de la FAO dans les deux pays.
Rodrigue Bonsou est lui aussi un producteur de fruits certifiés biologiques. Il a été motivé par le succès de Calvin Picker pour se lancer à son tour dans l’agriculture biologique. Il produit les fruits de la passion à l’Ouest du Cameroun. «La production dépend aussi parfois des intempéries climatiques. Je peux produire en moyenne deux à quatre tonnes par saison», explique Bonsou. «Le fruit de la passion est très sollicité sur le marché local comme à l’international ». Grâce au programme, des groupes d’agriculteurs et des petits exportateurs ont déjà amélioré leurs compétences techniques et la qualité de leur production au Burkina Faso, au Cameroun, au Ghana, au Sénégal et en Sierra Leone, jusqu’à obtenir les certifications bio et commerce équitable.
Les producteurs reconnaissent cependant que l’agriculture biologique a beaucoup de contraintes. «En agriculture conventionnelle, on achète les produits chimiques prêts à l’emploi. En agriculture biologique, on doit fabriquer ses propres produits en se rassurant qu’ils respectent certaines normes», explique Bonsou. «J’utilise la fiente de poule comme engrais. Mais je dois toujours me rassurer que l’élevage d’où vient cette fiente n’utilise pas de produits chimiques. «On utilise aussi des techniques de lutte biologique. C’est-à-dire qu’on ne va pas planter sur une très grande superficie uniquement la même culture.
Au Cameroun, les marques de produit certifiés bio sont de plus en plus nombreuses sur le marché camerounais, ceci au grand bonheur des consommateurs.
Par Iya Ibrahim