Si le réchauffement climatique atteint +2ºC plutôt que +1,5ºC, 420 millions de personnes de plus sur Terre feront face à des « canicules extrêmes » et jusqu’à 80 millions de personnes supplémentaires seront menacées par la faim d’ici 2050, selon les experts du Giec.
Un réchauffement climatique durable supérieur au seuil de +1,5ºC aurait des « impacts irréversibles pour les systèmes humains et écologiques », avertit un projet de rapport rédigé par des centaines de scientifiques rattachés au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et obtenu par l’AFP.

Si le réchauffement climatique atteint +2ºC plutôt que +1,5ºC, 420 millions de personnes de plus sur Terre feront face à des « canicules extrêmes » et jusqu’à 80 millions de personnes supplémentaires seront menacées par la faim d’ici 2050, selon les experts du Giec.
L’accord de Paris de 2015 fixait un objectif maximal de +2ºC de réchauffement par rapport à l’ère pré-industrielle, et si possible +1,5ºC. Mais les trajectoires actuelles ne permettent pas de les atteindre selon les scientifiques.
« La vie sur Terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes. L’humanité ne le peut pas », alerte le résumé technique de 137 pages.
« Le pire est à venir, avec des implications sur la vie de nos enfants et nos petits-enfants bien plus que sur la nôtre », martèle le Giec, qui fait autorité en la matière, alors que la prise de conscience sur la crise climatique n’a jamais été aussi étendue.
Dans tous les systèmes de production alimentaire, les pertes soudaines s’accroissent », observe aussi le rapport, pointant les aléas climatiques comme « principal moteur ».
Or l’humanité n’est à ce stade pas armée pour faire face à la dégradation certaine de la situation. « Les niveaux actuels d’adaptation seront insuffisants pour répondre aux futurs risques climatiques », prévient le Giec.

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Le texte souligne d’autre part le danger des effets en cascade. Certaines régions (est du Brésil, Asie du Sud-Est, Chine centrale) et presque toutes les zones côtières pourraient être frappées par trois ou quatre catastrophes météo simultanées, voire plus : canicule, sécheresse, cyclone, incendies, inondation, maladies transportées par les moustiques…
Et il faut de surcroît prendre en compte les effets amplificateurs d’autres activités humaines néfastes pour la planète, note le rapport : destruction des habitats, surexploitation des ressources, pollution, propagation des maladies…
Sans oublier les incertitudes autour des « points de bascule », éléments clés dont la modification substantielle pourrait entraîner le système climatique vers un changement violent et irrémédiable.
Au-delà de +2ºC, la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique de l’Ouest (qui contiennent assez d’eau pour provoquer une hausse du niveau de la mer de 13 mètres) pourraient par exemple entraîner un point de non retour, selon de récents travaux.
C’est pour cela que « chaque fraction d’un degré compte », insiste le Giec, alors qu’un autre point de rupture pourrait voir l’Amazonie –un des poumons de la planète avec les océans– transformée en savane.
En dépit de ses conclusions alarmantes, le rapport offre ainsi une note d’espoir. L’humanité peut encore orienter sa destinée vers un avenir meilleur en prenant aujourd’hui des mesures fortes pour freiner l’emballement de la deuxième moitié du siècle.
« Nous avons besoin d’une transformation radicale des processus et des comportements à tous les niveaux : individus, communautés, entreprises, institutions et gouvernement », plaide le rapport. « Nous devons redéfinir notre mode de vie et de consommation ».
Le rapport d’évaluation complet des impacts du réchauffement, long de 4.000 pages et bien plus dramatique que le précédent de 2014, est destiné à éclairer les décisions politiques. Il doit être publié en février 2022, après approbation par consensus par les 195 Etats membres, soit après l’importante conférence climat de la COP26, prévue en novembre à Glasgow (Ecosse).

Source : Le quotidien le soir